Cet exposé de politique met en lumière ce que le budget 2023 signifie pour l’économie numérique du Québec. Le budget annuel de la province est publié au printemps de chaque année et présente les principales priorités du gouvernement en matière de dépenses.

Mise à jour économique

Le gouvernement du Québec a déposé son budget 2023 le 21 mars, mettant en évidence de nouveaux investissements dans cinq domaines prioritaires : le développement économique, la jeunesse, les soins de santé, la capacité financière et l’économie verte. Le budget a été publié dans un contexte d’inflation, de taux d’intérêt élevés et de reprise économique en cours suite à la pandémie de COVID-19. Le gouvernement du Québec s’attend à ce que l’économie de la province se modère en 2023, avec un ralentissement de la croissance du PIB réel de 2,8 % en 2022 à 0,6 %. Cependant, la province est également optimiste sur le fait que les efforts visant à contrôler l’inflation ainsi qu’à créer de meilleures conditions de crédit ramèneront le PIB à 1,4 % en 2024. Dans l’optique de préparer le Québec à une forte reprise économique dans les années à venir, la province a alloué des fonds importants à la création de richesse, à l’augmentation du potentiel économique du Québec et au développement du potentiel de la jeunesse québécoise : au total, le budget prévoit des investissements d’une valeur de 24,5 milliards de dollars, qui, selon la province, seront dépensés d’ici 2028. Dans le même temps, le Budget 2023 fixe un nouvel objectif de réduction de la dette pour la province. La dette nette, qui au 31 mars 2023 est égale à 37,4 % du PIB sera réduite lentement au cours des 15 prochaines années d’environ cinq à dix points de pourcentage.

Politique et programmes de soutien à l’économie numérique du Québec

L’économie numérique est intégrée dans l’ensemble du budget 2023, soulignant l’engagement profond du gouvernement provincial envers l’innovation, la numérisation et les chaînes d’approvisionnement en technologies de l’information et des communications et en écotechnologie. Le budget alloue environ 888 millions de dollars sur six ans pour « augmenter la productivité », dont 413 millions de dollars d’investissements visant à stimuler l’investissement privé, 272 millions de dollars pour améliorer la recherche, l’innovation et la commercialisation, et 201 millions de dollars pour soutenir la numérisation et les exportations. Parmi ces mesures, on peut citer :

  • L’élargissement du congé fiscal de la province pour les grands projets d’investissement afin d’inclure les projets dans les secteurs de l’agriculture, de la fabrication et des services professionnels scientifiques et techniques, en mettant l’accent sur les projets impliquant les TIC, l’intelligence artificiell (IA) et l’extraction de minéraux critiques et stratégiques.
  • Un nouveau financement pour aider à préparer des terrains pour des projets industriels à grande échelle, ce qui, selon le gouvernement, est particulièrement important pour son secteur des batteries en plein essor.
  • L’agrandissement des zones d’innovation du Québec en matière de technologies quantiques et numériques.
  • Un nouveau financement pour promouvoir l’innovation dans les transports propres, l’échotechnologie et l’économie circulaire, et pour aider à la commercialisation et à l’adoption.
  • Un nouveau financement pour soutenir les organisations clés des industries numériques du Québec, notamment BioMed, Propulsion Québec et Station FinTech.
  • L’élargissement de l’Offensive de transformation numérique du Québec, qui aide les entreprises à entreprendre des projets de transformation numérique.
  • Un nouveau financement pour favoriser la numérisation de l’industrie de la construction au Québec, y compris l’adoption de pratiques de modélisation des données du bâtiment.

Une deuxième focalisation majeure du budget du Québec est le développement régional, y compris le développement économique des zones rurales et éloignées. Pour soutenir cet objectif, le budget 2023 propose un certain nombre d’initiatives d’une valeur de plus de 1,5 milliard de dollars sur six ans. Parmi celles-ci, plusieurs concernent l’économie numérique du Québec :

  • Un nouveau financement pour les programmes agroalimentaires existants qui aident le secteur agroalimentaire québécois à mener des recherches et à innover, à adopter des pratiques durables et à adopter l’automatisation et la robotisation.
  • 108,7 millions de dollars supplémentaires sur six ans pour étendre le réseau Internet à haute vitesse et la couverture cellulaire du Québec, y compris un nouvel appel de projets pour convertir le réseau cellulaire à la 5G.
  • Le lancement de nouvelles initiatives pour développer de manière responsable le secteur des minéraux critiques au Québec.

Enfin, un certain nombre d’iniatitives du budget 2023 offriront des possibilités d’approvisionnement aux entreprises technologiques, notamment des iniatitives focalisées sur la numérisation des services gouvernementaux, des iniatitives visant à aider le système d’éducation québécois à adopter les technologies modernes et des iniatitives visant à aider à la numérisation des soins de santé au Québec.

Soutenir l’équité, la diversité et l’inclusion (EDI) et le développement de la main-d’œuvre

Le budget 2023 propose un certain nombre de programmes nouveaux et existants pour aider à remédier à la pénurie de main-d’œuvre au Québec, notamment des programmes visant à aider les nouvelles arrivantes et nouveaux arrivants à s’installer, les entreprises à trouver des travailleuses et travailleurs, les étudiantes et étudiants à fréquenter l’université et les travailleuses et travailleurs à faire la transition vers de nouveaux rôles. Bien que certains de ces programmes soient inclus dans les initiatives de productivité économique, de développement régional et de développement de la jeunesse du gouvernement provincial, la plupart des programmes axés sur la main-d’œuvre sont réservés dans un fons dédié au marché du travail, d’une valeur de 615 millions de dollars sur six ans.

Le gouvernement propose notamment de débloquer 509,6 millions de dollars sur six ans pour aider les nouvelles arrivantes et nouveaux arrivants à s’intégrer dans l’économie québécoise. Il s’agit notamment d’accroître le soutien à l’apprentissage du français, d’accélérer la reconnaissance des titres de compétences pour les immigrantes et immigrants, de promouvoir l’immigration dans les régions où les besoins du marché du travail sont criants, de favoriser l’attraction et la rétention des travailleuses et travailleurs et de soutenir l’intégration des réfugiées/réfugiés au marché du travail. En outre, le budget 2023 propose de débloquer 105,6 millions de dollars sur six ans pour soutenir la formation en entreprise et offrir un service de soutien spécialisé axé sur la productivité et la main-d’œuvre.

Les petites et moyennes entreprises sont plus durement touchées par les pénuries de main-d’œuvre que les grandes organisations. Afin d’aider les petites et moyennes entreprises à trouver des travailleuses et travailleurs, la province a proposé d’adapter les fonctions de l’avantage fiscal du Québec pour aider les entreprises à trouver de nouvelles travailleuses et nouveaux travailleurs et assurer une transition équitable pour les travailleuses et travailleurs qui subissent les effets négatifs de la numérisation et de l’automatisation des processus de production.

En ce qui concerne la formation et l’éducation, le budget propose d’étendre et d’améliorer les bourses d’excellence de la province pour les élèves diplômées/diplômés afin d’attirer et de retenir les talents hautement qualifiés. Une deuxième série de programmes propose de fournir 200 millions de dollars sur six ans pour moderniser la formation professionnelle, veiller à ce que les centres de formation aient accès à un équipement technologique moderne et adapté à l’industrie, et élargir l’accès gratuit aux programmes de formation à temps partiel et accélérée.

Protéger l’environnement

En décembre 2022, le Québec a accueilli la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité (COP15), au cours de laquelle des engagements ambitieux en matière de biodiversité ont été signés. Le budget 2023 indique explicitement que le Québec respectera les engagements pris lors de la COP15, y compris un financement d’environ 1 milliard de dollars alloué à la protection des ressources en eau et des ressources naturelles. Cela comprend un financement de 500 millions de dollars pour soutenir la création et la mise en œuvre de Fonds bleu, un plan visant à améliorer les initiatives de gestion durable de l’eau, à prioriser l’utilisation équitable et efficace des ressources en eau, à renforcer la lutte contre les inondations et à conserver les écosystèmes aquatiques. Le Fonds bleu soutiendra également l’acquisition et l’analyse des données sur la qualité de l’eau afin d’identifier l’état des ressources en eau et d’aligner les efforts (par exemple, la protection, l’assainissement, la lutte contre les inondations) là où c’est nécessaire. En outre, 475 millions de dollars seront alloués à la protection de la biodiversité et à la promotion de l’accès à la nature. Cela comprend 443 millions de dollars pour la mise en œuvre du Plan Nature 2030, qui œuvrera à la protection de 30 % des espaces naturels au Québec d’ici 2030 - un objectif fixé lors de la COP15.

Outre la protection des ressources naturelles, le budget 2023 investit 9 milliards de dollars sur six ans (environ 1,8 milliard de dollars par an) dans l’adaptation au climat, l’atténuation de ses effets et l’accélération vers une économie verte au Québec. Une grande partie de ces fonds sera allouée au Plan pour une économie verte 2030, qui a pour objectif plus large de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 37,5 % par rapport aux niveaux de 1990 d’ici 2030. En plus de cela, 23 millions de dollars serviront à accélérer les pratiques « agroenvironnementales » responsables, le Québec contribuant ainsi à devenir un leader en matière de production alimentaire durable. D’autres efforts seront alloués à des initiatives d’économie circulaire, comme le Programme québécois de gestion des pneus hors d’usage.

Les investissements dans la protection de l’environnement et l’accélération de l’économie verte auront des effets d’entraînement positifs sur l’ensemble de l’économie québécoise. De nouveaux rôles dans l’économie verte devraient émerger dans les solutions fondées sur la nature, la gestion des ressources en eau, l’agriculture durable et le recyclage.

Cybersécurité

Le budget 2023 annonce un soutien financier accru pour un certain nombre d’initiatives de cybersécurité déjà annoncées. Le budget comprend un financement supplémentaire de 50 millions de dollars pour le ministère de la Cybersécurité et du Numérique augmentant le budget du ministère à 173 millions de dollars contre 134 millions de dollars l’année dernière. Ce ministère recevra également 5 millions de dollars sur deux ans pour travailler avec des scientifiques et des spécialistes des universités et des instituts de recherche afin d’aider le ministère à développer une expertise de pointe en matière d’automatisation et d’intelligence artificielle.

Le gouvernement a également annoncé un financement supplémentaire pour le Programme de rehaussement de la cybersécurité (PRC) de 100 millions de dollars, en accordant au PRC un financement supplémentaire de 70 millions de dollars sur trois ans, à compter de 2024. Le système d’enseignement primaire et secondaire du Québec recevra également des fonds pour renforcer la sécurité de ses réseaux dans le cadre des efforts de transformation numérique de la province.

Cet exposé fait partie de la série des mises à jour sur les politiques du CTIC. Le CTIC fournit des mises à jour sur les politiques et les développements politiques au Canada, y compris les campagnes électorales fédérales, provinciales et territoriales, les mises à jour économiques de l’automne, les budgets annuels et d’autres mises à jour importantes des politiques et des programmes. Rédigé par Allison Clark, Erik Henningsmoen, Mairead Matthews, Mansharn Toor, Justin Ratcliffe et Todd Legere, avec le soutien généreux de l’équipe du CTIC chargée des politiques et de la recherche.